LE PROMOTEUR EN EOLIEN, ET LE SYNDIC.
(d’après la fable: «Le renard et le bouc » de Jean de La Fontaine)
Un promoteur zélé marchait en pérorant avec un syndic obtus, un niais
patenté.
Certes tous les élus ne sont pas ignorants, mais celui-ci était bien né pour
se faire berner.
Les caisses de la commune étant au plus bas, il cherchait un crédit pour
sortir de ce mauvais pas.
Le promoteur lui dit: « Mettez des éoliennes, et ainsi vous aurez argent et
renommée; vous serez encensé et roulerez carrosse. »
Le syndic n’était pas la moitié d’une rosse, il approuva et pourtant hésita:
« Je voudrais bien, mais quoi, le pays est sacré, protégé par des lois, et
tuer la Nature, on ne le peut sans mal; les espèces y perdraient, tant
animales que végétales, et les gens ne pourraient souffrir le bruit, les
clignotants! »
« Que vous importe tant, répliqua le rusé, on remuera certains leviers,
même les plus élevés, et nous obtiendrons ainsi tous les PC.
Je gagnerai beaucoup et vous donnerai peu; il faut bien que les risques
fassent des bienheureux. »
Le syndic se gratta le nez, qu’il avait fort et très busqué, puis s’exclama,
relevant sa casquette: « Voilà un discours qui me plaît; vous êtes
quelque un de futé. Topez là ,compagnon, l’affaire est faite! »
L’autre le laissa là sourire en coin et se frottant les mains.
Quelques années après, les pales tournaient, la Nature était sacrifiée,
les gens se désespéraient, le syndic s’en moquait puisque les sous
rentraient. Oh,très peu!Mais ma foi,on ne rechigne pas sur ce qu’on a.
D’autres années passèrent, les machines étaient délétères. Il fallut les
démonter. Mais plus du tout d’argent, le promoteur s’était carapaté.
L’addition fut salée, la commune endettée, et le syndic sifflé.
On terminera en disant qu’en « toute chose il faut considérer la fin »,
que « tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute,» que bien d’autres
moralités,enfin,pourraient être suivies et retenues sans doute, car Sagesse
toujours n’est pas du côté de ceux qui le croient. JEAN LEVY,
Défense de l’environnement et du patrimoine du Viala du Tarn et de Montjaux.
La Fable des Eoliennes
Le Naïf et le Roublard
Un village isolé sur ses hauteurs, perché
Avait pour richesses, de très beaux paysages.
Des promoteurs par le site, alléchés
Lui tinrent à peu près ce langage :
Hé, Bonjour Braves gens de Là -haut,
Que vos cimes sont jolies, que vos sommets sont beaux...
"Que nous vaut tant d'honneurs?" demandent les villageois
Qui flattés et surpris ne cachent pas leur joie.
Roublard le promoteur susurre :
"Le Label Energie dont vous vous glorifiez
Vaut bien en sacrifice, vos crêtes si peu ventées?"
Perplexes mais tentés, les naïfs demandent :
"De toutes ces nuissances, qu'aura donc en cadeau, le bon peuple en échange ?
Des postes de travail ? Un abattement fiscal ? Notre propre énergie ?"
Que nenni répondent en choeur Roublard et ses disciples,
Quelques kilowattheures, chèrement arrachés,
Noyés dans le réseau, seront leur destinée
Et pour les citadins leurs besoins, suppléer.
"Le doux contentement de la bonne conscience
Du sacrifice offert à notre belle planète
Et la notoriété sont belles récompenses
Qui devraient bien suffire à tous vous contenter ?
Sans mentir, si votre candeur n'a d'égal que notre vigueur
Et si, vous le bon peuple, n'êtes pas consultés,
Vous serez les pionniers, d'un projet... contesté."
Grisés par les Médias, ils n'en peuvent plus de joie
Tant de paroles flatteuses comblent les villageois
Et pour sceller cette célébrité, l'apéritif final prestement avalé,
Ils ouvrent grand les bras et signent les contrats.
... Roublard et ses disciples s'en saisissent et disent :
"Braves gens de LÃ -haut, sachez que tout flatteur
Vit aux dépens de celui qui l'écoute.
Cette leçon vaut bien sept éoliennes, sans doute..."
Le village berné et confus,
JURA, mais un peu tard, qu'on n'en planterait plus.
Avec l'accord de Marianne Reymond
Que nous remercions vivement pour sa gentillesse